Le Président du Faso, assisté du Premier ministre et du Chef d’Etat-major général des armées (CEMGA), a rencontré les parties signataires de la charte de la transition, le 13 octobre 2015 dans la salle polyvalente de Kosyam. Il était question d’échanger sur le chronogramme des prochaines élections présidentielle et législatives. Après un briefing sur la situation sécuritaire du pays par le CEMGA, la date du 29 novembre a été proposée aux signataires de la charte qui l’ont approuvé. Cette date devrait être avalisée par le conseil des ministres de ce mercredi 14 octobre.

Le putsch du 17 septembre étant derrière nous, tous les regards étaient désormais tournés vers le prochain chronogramme des élections couplées présidentielle et législatives. Les états-majors des différents partis et formations politiques, visiblement pressés de repartir en campagne, proposaient ça et là des dates. Le Président du Faso a donc décidé de rencontrer ce 13 octobre les différentes parties signataires de la charte de la transition, en vue d’arrêter un nouveau chronogramme pour les élections présidentielle et législatives. Mais, Michel Kafando n’a pas manqué de rappeler avoir « été indisposé de voir que pendant que nous avions des victimes innocentes qui gisaient encore à l’hôpital, des gens ne parlent que d’élections ». Tout en précisant, dans son mot introductif, qu’il n’est point question de prolonger la transition.

Il avait à ses côtés, le chef du gouvernement Yacouba Isaac Zida et le chef d’Etat-major général des armées, le Général Pingrenoma Zagré. D’ailleurs, avant le début des échanges, le Général Zagré a fait un briefing sur la situation sécuritaire de notre pays aux différents participants à la rencontre. Faut-il le rappeler, le Burkina vient de traverser une grave crise avec le coup d’Etat du 17 octobre. L’attaque de la gendarmerie de Samorogouan du 09 octobre dernier est aussi venue rappeler l’urgence de régler la question sécuritaire avant toute élection. Après des échanges qui auront duré moins d’une heure, un consensus a été trouvé entre les différentes parties sur la date des prochaines élections.

« Nous nous sommes retrouvés ici avec toutes les parties concernées et nous avons eu un consensus pour le prochain chronogramme. Je ne peux pas vous dire la date parce qu’il faudra que le conseil des ministres l’avalise. Ce que je peux vous dire, c’est que les élections se situeront vers la fin du mois de novembre », affirme le Président du Faso à la fin des échanges.

Mais, le suspens autour de la nouvelle date ne durera pas longtemps. Les représentants des partis politiques et de la société civile déclarent très rapidement qu’un consensus a été trouvé pour fixer les élections au 29 novembre.

Les acteurs politiques prennent connaissance de la situation politique

Ablassé Ouédraogo, président du parti Le Faso autrement

Ablassé Ouédraogo, président du parti Le Faso autrement, un autre candidat à la présidentielle ne fait pas de mystère autour de la nouvelle date. « La rencontre que nous venons d’avoir avec le Président du Faso, assisté du chef d’Etat-major général des armées nous a donné l’occasion à nous acteurs de la vie politique au Burkina Faso de nous rendre compte de ce qu’il y a comme difficultés sur les questions de sécurité. Comme vous le savez, une élection n’a de sens que si elle peut de dérouler dans la paix, dans la sérénité, dans la tranquillité. C’est pour cela que dans la concertation, la date du 29 novembre a été retenue par l’ensemble des acteurs politiques du Burkina Faso pour l’organisation des élections législatives et présidentielle », explique-t-il.

Le président du MPP, Roch Marc Christian KABORE

Les explications du chef d’Etat-major des armées sur la situation sécuritaire semblent avoir convaincu les acteurs politiques. « Les mêmes personnes qui vont s’occuper des ratissages au niveau des frontières, c’est les mêmes qui doivent retourner à leur base aussi pour s’occuper également de la sécurité des élections. Ce faisant donc, il est évident que ça pose un problème d’effectifs. De ce point de vue, nous ne pouvons que prendre acte puisque c’est des dispositions qui sont incompressibles. Si non, en ce qui nous concerne, nous nous sommes rangés du côté des propositions qui consistaient à ce que les élections soient organisées le 15 novembre. Mais, il ne s’agissait pas pour nous de venir nous batailler sur des dates. Des questions de sécurité nous ont été exposées, nous avons pris bonne note et nous avons pris acte de ces décisions », déclare le président du MPP.

Baliser le terrain pour un passage à la 5e république, selon les OSC

La société civile dit avoir suivi avec grand intérêt le briefing du Chef d’Etat-major des armées sur les dispositions prises pour sécuriser le territoire. « Suite à cela, le Président de la république et le gouvernement de la transition a soumis à l’approbation des signataires de la charte la proposition de la date du 29 novembre. Tour à tour, les différents acteurs ont pris la parole et indiqué qu’ils s’inscrivaient dans cette logique. A partir de cet instant, la société civile qui est apartisane a pris acte du fait que les différents acteurs s’accordent par consensus pour aller aux élections le 29 novembre », soutient Harouna Kaboré, représentant des OSC à cette rencontre.

Mais, les OSC souhaite que d’ici à la date du 29 novembre, certaines préoccupations soient prises en compte. Il s’agit notamment de la mise en œuvre des réformes proposées par la commission nationale de la réconciliation nationale et des réformes. « Que le conseil national de la transition puisse adopter une loi modificative de la constitution qui verrouille définitivement l’article 37, qui supprime le sénat et qui désormais affirme le caractère républicain de l’armée en y ajoutant un titre au niveau de la constitution (…) Nous avons indiqué également qu’il est essentiel qu’il y ait un accord politique autour de la nouvelle constitution qui est proposée pour que nous puissions envisager par exemple un couplage des élections municipales avec un référendum pour adopter la nouvelle constitution permettant de passer de la 4e à la 5e république », a précisé Harouna Kaboré.