UNION GENERALE DES ETUDIANTS BURKINABE (UGEB)

Ouagadougou le 25 novembre 2015

DECLARATION SUR LES ELECTIONS DU 29 NOVEMBRE 2015

Camarades étudiantes et étudiants

Le 29 novembre 2015, auront lieu les élections couplées présidentielles et législatives. Ces élections marqueront la fin de la transition politique instaurée aux lendemains de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et laisseront place à de nouvelles institutions.

L’insurrection populaire avait fait naitre en notre peuple l’espoir d’un lendemain meilleur sur les questions sociales et de justice. Au sein de la jeunesse scolaire et estudiantine, elle avait fait naitre l’espoir d’un système éducatif qui prenne en compte leurs préoccupations, mais hélas ! Nos établissements secondaires et supérieurs publiques agonisent toujours. Ainsi, les élections du 29 novembre se tiennent dans un contexte de crise généralisée de l’enseignement supérieur public. Cette crise est marquée par :

  • un retard académique jamais égalé dans toutes les universités publiques du pays avec des années académiques sans tête ni queue, conséquence de l’application mécanique du système licence master doctorat (LMD). A titre d’exemple, à l’université de Ouagadougou cohabitent des promotions de 2013-2014, 2014-2015 et 2015-2016.
  • une formation au rabais (suppression de matières, de TD et TP, de voyages d’étude, réduction de volume horaire…) couronnée par des taux d’échec élevés (plus de 98% de taux d’échec en S1L1 sciences et technologies en 2013 à l’université de Ouagadougou) ;
  • un manque criard d’infrastructures. Les centres universitaires de Ouahigouya, Fada, Dédougou et l’université Ouaga2 n’ont pas de sites propres, les universités de Koudougou et Bobo continuent de squatter les locaux de la SAP Olympique, du centre Maranata et de l’aumônerie catholique… ;
  • un manque criard de personnel enseignant. Selon le rapport du Comité ad hoc de réflexion sur les universités en 2013, l’UO comptait 1 enseignant pour 111 étudiants et l’université de Koudougou 1 enseignant pour plus de 350 étudiants. Or la norme UNESCO préconise 1 enseignant pour 25 à 45 étudiants selon les filières de formation;
  • des conditions sociales précaires plongeant les étudiants dans la clochardisation avec des blocages d’allocations par ailleurs insuffisantes (blocage des bourses et de l’aide de certains étudiants pour absence de résultats académiques dû au chevauchement des années universitaires), un contingentement sauvage des plats au restaurant universitaire et des chambres en cité universitaire avec leur fermeture intempestive au gré des desiderata des autorités du CENOU (Cas de Ouagadougou, Bobo Dioulasso, Dédougou et Ouahigouya) etc.

Cette crise de l’enseignement supérieur est la résultante de l’application hasardeuse des programmes d’ajustement structurels (PAS), doublement rebaptisés cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP) et stratégie de croissance accéléré et de développement durable (SCADD), imposés par les institutions de Breton Woods (Banque mondiale et FMI) dans les années 1990.

En effet, les PAS ont pour philosophie le désengagement de l’Etat des secteurs sociaux comme la santé et l’éducation, jugés improductifs et très coûteux. En se désengageant des secteurs sociaux, le pouvoir de la IVème république et tous ceux qui ont contribué à l’animer à un moment ou à un autre de l’histoire de notre pays, ont conduit notre système éducatif à la ruine. Pour trouver une solution durable à la crise du système éducatif en général et de l’enseignement supérieur en particulier, il faudra nécessairement rompre avec les PAS.

Cependant, en lisant de près les projets de société et programmes de gouvernement des candidats en lice aux élections à venir, il n’est inscrit nulle part un projet de rupture avec les institutions de Breton Woods et les politiques criminelles des PAS. Pire, certains candidats ne se gênent pas de clamer haut et fort qu’ils renforceront les liens avec la Banque Mondiale et le FMI pour endetter notre pays et continuer avec les politiques de désengagement de l’Etat des secteurs sociaux.

Pour ce qui concerne la crise dans les universités publiques, certains candidats vont jusqu’à envisager leur fermeture sur un certain nombre d’années. Pouvait-il en être autrement quand on sait que les candidats déclarés favoris aux élections présidentielles à venir sont ceux-là même qui étaient aux affaires au moment de l’introduction des PAS (Zéphirin Diabré comme ministre de l’économie, des finances et du plan, Roch Marc Kristian Kaboré comme premier ministre). Ce sont eux qui ont conduit notre pays sous les fourches caudines des institutions de Breton Woods. Il est donc clair que les étudiants n’ont rien à espérer des élections du 29 novembre 2015. Du reste, l’expérience a montré que les grands acquis engrangés dans nos universités ne l’ont été que grâce aux luttes menées par les étudiants.

C’est pourquoi, L’UGEB :

  • appelle les étudiantes et étudiants burkinabè à se démarquer des illusions électoralistes et à continuer à s’organiser avec ses sections pour poser leurs préoccupations ;
  • met en garde tout pouvoir à venir contre toute fermeture de l’université ou blanchiment des années académiques des étudiants.

En avant pour la défense de l’enseignement supérieur !

Pain et Liberté pour le Peuple !

Le Comité Exécutif

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