Dans une interview exclusive, le nouveau président du Burkina Faso appelle à la réconciliation avec le CDP mais demande aux anciens alliés de Blaise Compaoré de faire amende honorable.

Comment expliquer votre large victoire au premier tour de l’élection présidentielle?

Roch Kaboré : « C’est le fruit du travail du parti parce que le Mouvement du peuple pour le progrès a été créé il y a deux ans. Il a fallu installer les structures du parti, du petit village jusqu’à la ville. C’est cet engagement de tous nos militants qui ont travaillé pour la mise en place de structures pour avoir ces résultats. C’est vrai que nous avons les grands centres où nous partageons l’électorat mais la plupart du temps l’électorat est rural et il faut travailler à ce que dans nos provinces, au village, la population puisse savoir voter et nous avions partout des structures réparties qui sont installées. Ce n’est donc pas le fait du hasard, c’est le fait d’une assiduité du travail politique. »

Un mot sur le comportement de Zéphire Diabré qui s’est déplacé personnellement pour venir vous féliciter ?

Roch Kaboré : « On ne peut que saluer cet acte là parce que c’est une première au Burkina. Je dois dire qu’après Zéphirin Diabré, la quasi-totalité des candidats ont présenté leurs félicitations et j’ai également dit que j’étais très content de cette démarche parce que c’est une première. Ça dénote un changement d’état d’esprit. »

Le Burkina Faso a vécu une année spéciale. Une année d’insurrection où il y a eu un coup d’Etat et la jeunesse qui s’est beaucoup mobilisée. Quelles seront vos priorités ?

Roch Kaboré : « Nous devons d’abord remettre le Burkina au travail, nous devons faire en sorte que l’économie reprenne parce que nous ne pouvons pas parler de travail pour les jeunes, pour les femmes si l’économie ne marche pas. Nous devons aussi travailler à satisfaire les besoins fondamentaux de nos populations et faire face aux problèmes d’écoles, de santé qui sont également les questions qui sont relatives à l’eau potable etc. Les chantiers sont nombreux et la jeunesse s’est beaucoup battue et les femmes également au mois de l’insurrection. Nous avons un devoir de faire en sorte que cette jeunesse trouve du travail. Cette jeunesse participe au développement de notre pays et l’engagement que nous avons pris et nous allons nous battre justement pour que l’ensemble de ces préoccupations puisse avoir des solutions. Par ailleurs, je dois signaler que le Burkina est un pays où il y a eu beaucoup de soubresauts politiques. Et nous devons travailler à réconcilier le peuple burkinabè avec son histoire. »

Vous n’avez pas la majorité absolue au parlement. Comment allez-vous faire ?

Roch Kaboré : « Nous avons été soutenus par 17 partis politiques pour l’élection présidentielle. Tout le monde n’a pas eu bonne fortune évidement mais je dois noter déjà que sur ces partis qui nous soutiennent et qui soutiennent le programme du candidat nous avons 5 députés complémentaires et portent à 60 les députés qui sont avec nous depuis le début de la campagne. Nous allons également prendre contact avec un certain nombre de partis politiques et de députés qui ont la même vision politique que nous pour, qu’ensemble, nous puissions confirmer une majorité absolue qui est de 64 députés. Afin de pouvoir non seulement faire passer nos projets et nos propositions de loi mais également pouvoir faire avancer les décisions que nous devons prendre pour l’avancée de ce pays. »

Parlons maintenant du type de gouvernement que vous comptez mettre en place.

Roch Kaboré : « Le gouvernent que nous devons mettre en place doit refléter plusieurs choses. D’abord la qualité des hommes, leur technicité. Ils doivent apporter vraiment des solutions aux différentes préoccupations qui sont posées. Nous devons avoir un gouvernement qui n’est pas non plus pléthorique parce que nous avons pris l’engagement de réduire les charges de l’Etat. C’est très important parce qu’on ne peut pas donner l’exemple s’il ne commence pas d’en haut. Nous nous devons dès le départ de faire en sorte que le peuple nous fasse confiance parce que le gouvernement ce n’est pas une redistribution de postes au maximum mais de faire en sorte que les hommes que nous allons choisir et que les femmes que nous allons choisir soient des gens capables. Des hommes neufs qui peuvent apporter des réflexions nouvelles. »

Qu’est-ce que vous comptez faire pour relancer les relations avec la Côte d’Ivoire ?

Roch Kaboré : « Les relations sont toujours existantes n’y a pas eu d’arrêt des relations avec la Côte d’Ivoire. Je l’ai déjà dit nous avons tout à fait intérêt à ce que nous puissions rétablir la confiance d’autres pays et rétablir de bonnes relations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina non seulement parce que nous sommes voisins mais également parce qu’il y a plusieurs millions de burkinabè qui vivent en Côte d’Ivoire et donc nous n’avons même pas le choix. Quel que soit les péripéties de l’histoire, nous devons garder de très bonnes relations entre les deux pays. »

Alors, vous avez parlé de réconciliation dans votre discours, est ce que c’est une main tendue vers le CDP ?

Roch Kaboré : La main, vous savez nous avons dit simplement ceci : il faut la réconciliation avec notre histoire mais la réconciliation avec Notre histoire passe par aussi la vérité par la justice et nous n’avons pas de problème qui relève de questions politiques avec le CDP, mais nous disons qu’il faut qu’ils fassent amende honorable sur les actes et sur les idées qu’il ont développé à un temps donné avant de pouvoir se réconcilier avec le peuple burkinabè dans son ensemble et c’est pour cela nous avons dit réconciliation oui, vérité et justice nécessaires !

Et quelle est votre vision de la relation entre le Burkina et les Etats-Unis ?

Roch Kaboré : « Notre vision, nous avons d’ailleurs parlé avec le Sous-Secrétaire d’Etat chargé des affaires africaines la dernière fois et nous avons exprimé que nous devons renforcer la coopération entre nos deux pays à tous les niveaux que ce soit le plan économique, le plan sécuritaire, que ce soit même militaire parce que vous savez très bien que nous menons le même combat contre le terrorisme, je dirais mondial et chacun dans sa zone ou le problème se pose et nous avons déjà une coopération qui est déjà engagée depuis belle lurette avec les Etats-Unis qui sera consolidée et nous avions également un « compact » que nous avions signé avec les Etats-Unis dans le cadre d’un certain nombre de réalisations . Parce que l’ une des conditions qui nous avait paralysé, c’était la situation politique, là nous revenons à une situation démocratique normale après les élections je crois qu’ il y a toujours la possibilité d’avoir un autre « compact » pour participer toujours à l’amélioration d‘un certain nombre d’infrastructures économiques et sociales donc pour nous : consolidation des relations avec les Etats-Unis et nous souhaitons véritablement que leur appui soit plus conséquent pour le Burkina Faso.

Source: VOA