Depuis 2001, la Communauté internationale a consacré le 20 juin Journée Mondiale des réfugiés. A l’instar des autres pays, le Burkina Faso a commémoré cette Journée sur le site du camp des réfugiés maliens de Goudoubo dans la province du Séno, région du Sahel le 20 juin 2016, sous le thème « Avec les réfugiés ».

A travers le monde, de multiples situations d’urgence, conjuguées aux différentes formes de persécution, ont contraint davantage de personnes à s’exiler dans d’autres contrées. Selon les statistiques récentes du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR), le nombre de réfugiés dans le monde est de 11 700 000. Cette tendance est toujours à la hausse avec la multiplication des crises de par le monde.

Au Burkina Faso, si au niveau du nombre de réfugiés, la situation semble se stabiliser, la bataille demeure celle de pouvoir permettre aux réfugiés, notamment d’origine malienne de vivre dignement dans un contexte de raréfaction des ressources, en atteste le récent communiqué conjoint du Programme Alimentaire Mondial et du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés lançant un véritable cri de détresse sur la question. En effet, le séjour des réfugiés maliens est entré dans sa cinquième année et les principaux bailleurs de fonds s’essoufflent mettant ainsi en péril la vie de plus de trente trois mille (33.000) personnes vivant dans les deux principaux camps des réfugiés du Sahel : Mentao et Goudoubo. Face à cette situation alarmante, le gouvernement joint sa voix à cet appel pour inviter les partenaires à jouer leur partition dans la gestion desdits réfugiés. Ceci d’autant plus que, la plupart de ces réfugiés vivent dans la Région du Sahel, une région déjà peu favorisée par la nature.

Une Journée et un thème qui interpellent

La commémoration  d’une Journée  mondiale des réfugiés instaurée par les Nations Unies, vise ainsi à interpeller les principaux Etats, les groupes armés et les autres acteurs  sur les conséquences des guerres, des violences politiques, de la persécution sur les personnes ainsi que  la nécessité pour les populations de bénéficier d’une protection durant leur asile. Le thème de cette année « Avec les réfugiés » s’inscrit dans cette logique de sensibilisation pour un meilleur accueil et une intégration véritable des réfugiés dans le pays d’asile. Les considérer sous cet angle, c’est leur accorder plus d’égard, de respect et s’engager à réduire l’intolérance et la désinformation à leur égard. Ce thème traduit aussi l’effort fourni par les réfugiés pour continuer à mener une vie normale malgré les difficultés liées à l’asile forcé.

Le Burkina Faso, partie aux multiples conventions internationales et régionales en matière de protection des réfugiés, (Convention de Genève de 1951, Convention de l’OUA de 1969 régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique, Protocole de Kampala de 2009 sur les déplacés internes) ne saurait se dérober vis à vis de ses engagements. Il se positionne de ce fait, comme un des pays d’asile respectant les clauses des conventions sus-citées. Mieux, dans sa législation interne, la loi n°042-2008/AN du 23 octobre 2008 portant statut des réfugiés au Burkina Faso, reconnait le droit d’établissement et de protection des réfugiés qui bénéficient des mêmes traitements et avantages que les nationaux burkinabè.

Pour mieux honorer ses engagements sur cette question des réfugiés, le Burkina Faso a, depuis 1988, mis en place la Commission Nationale pour les Réfugiés (CONAREF) à travers la Zatu AN V-28/FP/PRES/ du 03 août 1988. Cette structure rattachée au Ministère des Affaires Etrangères, de la Coopération et des Burkinabè de l’Extérieur est chargée de la gestion de toutes les questions liées à la protection des réfugiés et des demandeurs d’asile qui entrent dans notre pays. Fort de ce mandat, la CONAREF œuvre au bien-être des réfugiés en leur assurant la protection à même de leur garantir une vie normale dans notre pays et ce, en étroite collaboration avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR).

C’est le lieu de rappeler que lors de l’afflux des réfugiés maliens, l’Etat burkinabè a reconnu prima facie (reconnaissance de groupe conformément aux dispositions de la Convention de l’OUA de 1969) toutes les personnes de nationalité malienne ayant fui les affres de la guerre. L’Etat a créé des sites consolidés pour accueillir les réfugiés. Ces derniers ont été enregistrés dans un fichier  et cela a permis de leur octroyer des attestations d’identité et récemment des cartes d’identité biométriques.

Aujourd’hui, deux principaux camps sécurisés ont été mis à la disposition des réfugiés : les camps de Mentao dans le Soum, de Goudoubo dans le Séno. Ces camps sont administrés par des agents de la Commission Nationale pour les Réfugiés et sécurisés par les forces de défense et de sécurité qui veillent nuit et jour sur les réfugiés.

Goudoubo pour partager la réalité du réfugié

Le camp de Goudoubo, situé à quelques encablures  de la commune  de Dori, a été le point de ralliement de tous ceux qui œuvrent au quotidien pour apporter un mieux être aux réfugiés. Cette célébration a été une occasion pour les autorités et les populations burkinabè de partager les préoccupations de ces milliers de personnes qui ont tout abandonné pour sauver leur vie. En allant sur le terrain, les autorités burkinabè et leurs partenaires ont à cœur de témoigner leur solidarité aux réfugiés ainsi que  leur volonté de toujours apporter une protection adéquate en leur assurant une vie digne, bref, être « avec les réfugiés ».

Il convient ici, de saluer le sens de l’hospitalité et de la responsabilité  des populations hôtes qui ont accepté de partager tout ce qu’elles ont avec les réfugiés. Cette attitude, à n’en point douter, contribue à renforcer le Burkina Faso  dans sa réputation de pays hospitalier.

Cette situation est également à mettre à l’actif du gouvernement qui, avec les partenaires techniques et financiers, ne ménage aucun effort  pour garantir  les conditions d’une cohabitation pacifique entre les différents acteurs sur le terrain.

Malgré ces efforts, beaucoup reste à faire, notamment en matière de sensibilisation, de protection des réfugiés et de préparation des mentalités  au retour, communément  appelé «  rapatriement volontaire ».

En tout état de cause, le Burkina Faso reste disposé à conjuguer ses actions à celles de la communauté internationale pour l’avènement d’une paix et d’une sécurité durable dans tous les foyers de tension afin de parvenir à un monde sans réfugiés, reflet d’un monde sans guerre ni persécution. Bonne fête aux réfugiés et aux demandeurs d’asile.

Ministère des Affaires Etrangères, de la Coopération et des Burkinabè de l’Extérieur.