Lettre ouverte sur la mise en œuvre des engagements

Excellence,

En ce début d’année, l’Unité d’Action Syndicale (UAS) vous présente ses vœux les meilleurs pour 2017. Puisse cette nouvelle année vous apporter, à vous et à votre Gouvernement, la santé, la force et le courage de satisfaire les fortes attentes du peuple burkinabè et respecter vos engagements envers le monde du travail !

L’année 2016 qui vient de s’achever a déçu l’UAS en ce qui concerne la mise en œuvre des engagements du Gouvernement contenu dans le communiqué final de la rencontre Gouvernement / Syndicat de 2015. Lors des rencontres que l’UAS a eues avec vous le 23 février 2016 et avec le ministre en charge de la Fonction publique le 25 février 2016, vous aviez proclamé que votre Gouvernement ne renierait pas ses engagements. A la rencontre du 18 octobre 2016 au ministère des affaires étrangères, vous avez même proclamé que la plupart des engagements pris par le gouvernement ont été mis en œuvre et qu’au 31 décembre 2016, tous seraient exécutés. Nous avons dû reprendre les engagements un à un pour montrer que bien d’engagements attendaient d’être mis en œuvre. En effet, si certains ont été mis en œuvre avec des insuffisances, comme la loi 081 portant statut général de la Fonction publique, la plupart des engagements n’a pas été exécutée.

Parmi les engagements non tenus, il y a celui relatif à l’IUTS prélevé injustement sur les primes et indemnités servies aux travailleurs du privé et des établissements parapublics.

En effet, le comité pour examiner cette question a effectué plusieurs séances de travail et a fait des propositions. Il a présenté 3 options dans son rapport. Et au cours de la même rencontre du 18 octobre 2016, nous avons clairement signalé que l’option d’étendre le prélèvement au public n’était pas envisageable pour le mouvement syndical ! Malheureusement, l’UAS a été surprise de constater que le Gouvernement a fait inscrire le prélèvement de l’IUTS sur les primes et indemnités servies dans le public dans la loi de finances 2017 adoptée le 15 décembre 2016 par l’Assemblée nationale, sans aucune concertation préalable avec les organisations syndicales sur cette question. Pour nous, l’esprit du dialogue social commandait que les résultats des travaux du comité bipartite soient soumis aux deux parties avant toute décision, surtout que le choix opéré par le gouvernement est contraire à l’esprit de la revendication formulée par l’UAS.

Par la présente, l’UAS vient protester contre cette attitude du Gouvernement qui s’éloigne de la promotion d’un « dialogue social fécond » qu’il ne cesse d’évoquer à chaque rencontre, et qui dans la pratique fait le contraire. Pour le simple respect des partenaires syndicaux et au nom de la qualité du dialogue social voulue et tant souhaitée par lui, le Gouvernement devrait s’abstenir de tels actes susceptibles de mettre en mal le dialogue social, ce qui obligerait la partie syndicale à prendre ses responsabilités.

Par ailleurs, l’UAS fait remarquer, avec regret, que les engagements relatifs à la relecture du Code du travail, à l’extension des conventions collectives des systèmes financiers décentralisés et des transports, ainsi que celui concernant les réflexions sur la mise en place des permanents syndicaux, ont tous été bloqués par l’hostilité du patronat, sans que le Gouvernement ne prenne ses responsabilités ! Pourtant, ces engagements – de même que l’adoption du nouvel arrêté sur la retenue pour fait de grève « en examen sur la table du Gouvernement » depuis juin 2016 – dont les nouveaux délais de mise en œuvre avaient été fixés pour le 30 juin 2016, ne devraient connaitre qu’un « léger retard », selon une correspondance du ministre de la Fonction, du Travail et de la Protection Sociale en date du 28 juin 2016 !

Enfin, la non tenue jusque-là de la rencontre annuelle Gouvernement / Syndicats de l’année 2016 achève la longue liste des engagements non tenus pour l’année 2016. Cette rencontre annuelle, sensée se tenir au cours du dernier trimestre de chaque année, avait été annoncée par le gouvernement pour décembre 2016.

Excellence monsieur le Premier Ministre, l’UAS vous interpelle particulièrement afin que vous reconsidériez vos relations avec le mouvement syndical et les mesures que vous envisagez de manière unilatérale (ce qu’aucun gouvernement allemand n’aurait fait, si l’on fait référence à vos propres propos), au risque d’une détérioration du climat social.

Paul KABORE                                                       

Président De Mois des Centrales Syndicales

Secrétaire Général/ ONSL

Siriki DRAME

Président De Mois des Syndicats Autonomes

Secrétaire Général/ SYNATIC