« L’orage africain : un continent sous influence ». C’est le titre du long métrage que le béninois Sylvestre Amoussou, par ailleurs réalisateur de « Africa Paradis » a choisi de présenter à la 25ème édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), qui s’est tenu au Burkina Faso du 25 février au 4 mars 2017. Après avoir obtenu le prix spécial de l’Assemblée nationale du Burkina Faso, la fiction « L’orage africain : un continent sous influence » est montée sur la deuxième marche du palmarès officiel du FESPACO 2017 en obtenant l’étalon d’Argent de Yennenga.

Le film « L’orage africain : un continent sous influence » est sans conteste une œuvre cinématographique de la lignée des fictions africaines saisissantes et osées. Elle tire sa pertinence de la critique, sans langue de bois, des relations entre l’Afrique et l’Occident. D’un côté l’Afrique aux richesses immenses et de l’autre, l’Occident aux appétits voraces. Résultats, une Afrique honteusement exploitée, très souvent avec la complicité de certains de ses fils, et un Occident aux lobbys impunément exploiteurs. C’est la loi de la jungle où la « petite Afrique » est malmenée par le « géant Occident ». Les immenses ressources de la « petite » sont exploitées par le « géant », sans la moindre compensation. La « petite » maigrit, le « géant » s’engraisse.

Trop c’est trop ! C’est alors que le Président de la République de Tangara, un pays africain, décide, avec le soutien de son peuple, de nationaliser toutes les sociétés et entreprises occidentales installées sur le territoire de cette république. Puits de pétrole, mines d’or, de diamants etc., sont sous le coup de la nationalisation !

Il n’en fallait pas plus pour que naissent et émergent entre le Tangara et les puissances occidentales des incompréhensions, des exigences, des revendications, des interpellations, des manœuvres de mauvais goût, des mouvements et manifestations, des troubles, des crimes, des assassinats…

Pour les Occidentaux, qui n’apprécient pas du tout la décision de Monsieur le Président, « c’est nous qui avons foré ces puits, c’est nous qui avons creusé ces mines ». Donc pas question de nationaliser leurs moyens de production installés au Tangara. En réaction, les Africains répondent en chœur « exact, mais c’est notre sous-sol ».

Au centre des manigances et du combat féroce engagés entre le Tangara, symbole de l’Afrique combattante, et l’Occident, trois acteurs de renom : Sylvestre Amoussou ou Monsieur le Président, Sandrine Bulteau ou la dame de Choc, et Eriq Ebouaney ou Monsieur le Premier ministre. Au cœur de leurs actions respectives : la détermination, des valises de billets de banque, la traitrise. Détermination du Président à ne pas revenir sur sa décision, l’argent de l’Occident pour corrompre et recruter des mercenaires-tueurs, et la traitrise du Premier ministre aux ambitions présidentielles.

Bref, avec des images fortes et fascinantes, le film « L’orage africain : un continent sous influence » nous entraine dans l’univers d’émotions et d’ébullitions des sensations et des fantasmes, des antagonismes et des confrontations, des rêves et des pulsions, voire des révoltes et des quêtes d’une Afrique au passé révolu et à la recherche d’un avenir plus porteur d’espoirs, d’espérances et de changements. C’est un haro sur l’ordre relationnel ancien entre l’Afrique et l’Occident, un ordre sans doute en sursis, en attendant que s’écoule le temps, le temps que « les mentalités changent, que les Africains prennent leur destin en mains, n’acceptant plus d’être des assistés ; et surtout qu’ils aillent peu à peu vers la démocratie ».

Sita TARBAGDO

(ASCRIC-B)

Cet article est une critique de l’ASCRIC-B