Le Président du Faso, Roch Marc Christian KABORE, a procédé le 03 mars dernier au lancement du projet de restauration, de protection et de valorisation du lac Bam. D’un coût estimé à plus de 12 milliards de FCFA, financé par la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), le projet de réhabilitation de ce lac devrait permettre de sauver cette grande étendue d’eau qui fait aujourd’hui face à d’énormes difficultés. Ces difficultés ont pour noms la pollution, l’ensablement et la disparition progressive des strates ligneuses herbacées, dues entre autres à la croissance rapide de la population, à la variabilité extrême du climat et des précipitations, à la déforestation et au surpâturage, ainsi qu’à l’érosion des sols et à l’augmentation de l’irrigation. Toutes choses qui ont conduit à l’envasement du lac dont la capacité de stockage était passée de 41,3 millions de  à 36,5 millions de mètres cubes.

Les initiatives diverses entreprises pour sauver le Lac Bam

Pour faire face à la situation désolante du lac, des initiatives locales ont vu le jour, portées par de nombreuses associations qui ont mené diverses activités en vue de stopper la dégradation et l’envasement du lac. C’est le cas par exemple de l’Association des jeunes pour la protection de l’environnement et de l’élevage (AJPEE), de l’Association pour la protection du lac Bam (APLB), du Projet écologique et reboisement (PER), des Commissions environnementales des communes urbaines de Kongoussi et de Zimtenga.

A côté de ces initiatives locales, l’Etat a également mené d’autres actions. Ainsi il a commandité des études générales de l’environnement du lac Bam en 2005 et assuré le suivi périodique du lac par le relevé des volumes journaliers d’eau, des volumes maximum et minimum annuel d’eau, et procédé à des analyses chimiques et bactériologiques de la qualité de l’eau.

Toujours soucieux du bien-être des populations de la province du Bam, le gouvernement a élaboré un schéma général d’aménagement de l’espace naturel du lac Bam en 2007. Ledit schéma d’aménagement a conduit à la mise en place du projet de restauration, de protection et de valorisation du lac dont le lancement a eu lieu le 03 mars 2017.

La restauration comporte des actions de curage et de rehaussement de la digue pour restaurer les capacités de son réservoir, tandis que la protection consiste principalement à identifier, à matérialiser et à protéger la bande de servitude du lac en prenant en compte les aspects d’assainissement pour que le lac ou ses berges ne servent plus aux dépôts d’ordures de toutes sortes.

Quant à la valorisation, elle concerne l’ensemble des activités de productions autour du lac (agriculture, élevage et tourisme, etc.). D’autres actions inscrites dans ledit schéma d’aménagement permettront le déploiement de paquets technologiques de lutte antiérosive (diguettes, digues, demi-lunes, cordons pierreux).

Le projet de restauration, de protection et de valorisation du Lac Bam vise surtout à répondre aux besoins des populations de la zone du Centre-nord en infrastructures hydrauliques à même de contribuer à une croissance soutenue du secteur rural, dans le cadre de la lutte contre la pauvreté et le renforcement de la sécurité alimentaire.

Il permettra d’entreprendre de nombreuses réalisations avec pour objectif d’augmenter la capacité du lac d’environ 7,2 millions de mètres cubes ainsi que sa valorisation à travers une production plus accrue  en riz paddy, en maïs, en cultures maraichères et en production de poissons.

En effet, le Lac Bam possède une grande potentialité hydro-agricole avec environ 2 000 ha dont environ 1 089 sont actuellement exploités par 10 groupements pour un chiffre d’affaires annuel de plus de 1 milliard de FCFA. L’exploitation halieutique offre près de 56 tonnes de poissons avec un chiffre d’affaires de plus de 900 millions de FCFA par an.

Les étapes de la mise en œuvre du projet

Le projet de restauration, de protection et de valorisation du Lac Bam sera réalisé en deux phases.

La phase I, financée essentiellement par la BOAD à hauteur de 10 milliards de FCFA, va consister au rehaussement du seuil (déversoir) du lac, à la réhabilitation d’une piste de liaison sur 1,5 km, à la construction de périmètres semi-californiens en amont d’une superficie de 282 ha et en aval d’une superficie de 242 ha, et à la mise en place de mesures d’accompagnement des populations à travers la formation, la construction de magasins, d’infrastructures d’assainissement, etc.

La phase II consistera essentiellement à la réhabilitation des anciens périmètres et aux études plus approfondies qui seront entreprises pour le curage du lac.

D’ores et déjà des actions ont été entreprises depuis janvier 2017 dans le cadre de la mise en œuvre du projet. Il s’agit notamment de la finalisation du processus de passation des marchés pour le choix des entreprises devant exécuter les travaux, de la finalisation du processus de passation du contrat de la mission de contrôle et de surveillance des travaux en cours, de la mise en place de l’équipe de gestion du projet en cours et de la demande de déblocage des fonds en cours pour la mise en œuvre du plan de gestion environnemental et social (PGES).

Un calendrier général de la mise en œuvre diligente du projet est élaboré. Ainsi  les populations affectées seront indemnisées au cours du premier semestre de l’année 2017, les travaux s’exécuteront jusqu’en 2019, l’accompagnement et l’encadrement des exploitants se poursuivront jusqu’en 2022.

Ce projet de restauration, de protection et de valorisation du Lac Bam suscite beaucoup d’espoirs. Il va redonner au lac son lustre d’antan à travers entre autres l’augmentation de la capacité du réservoir, la production maraîchère et le développement halieutique. Toute chose qui va permettre de booster l’économie locale.

Ministère de l’Eau et de l’assainissement