En marge de la Semaine Nationale de la Culture, les frères jumeaux Assane et Ousséni Ouattara exposent une soixantaine de masques et statues pour questionner l’intégrité tant prônée au Burkina Faso. Ils totalisent 25 ans de création aux cours desquels ils ont été en 2003, les premiers burkinabè programmés au festival mondial des théâtres, des masques et de la marionnette en France.

Quand l’un commence une phrase ou une idée, l’autre la termine tellement ils font un, pour promouvoir leur vision de l’art. Ils sont si heureux de faire partie de la programmation officielle de la Semaine Nationale de la Culture.
En effet, c’est la première fois que le comité d’organisation de la SNC les insère dans le catalogue, car à chaque édition de ce rendez-vous culturel, ils organisent une exposition.

Cette fois-ci, ils convoquent une soixantaine d’œuvres pour parler de « Probité ». Un prétexte tout trouvé par ces « copieurs » de masques pour questionner la place de l’intégrité dans la vie du burkinabè d’aujourd’hui. « A travers cette exposition, nous expliquons d’où vient l’intégrité et où nous en sommes avec sa pratique.

C’est un débat ouvert à ceux qui nous visitent. Dans la religion traditionnelle quand on meurt, on te fait revivre par une œuvre à ton effigie qui va te « présentifier ». Mais pour bénéficier d’une statuette, il faut avoir mener une vie accomplie. Il faut qu’on ait été intègre durant sa vie. C’est pourquoi après la mort, on t’ancestralise à travers une statue. De nos jours, c’est comme si nous sommes en train de perdre notre intégrité. Nous devons mettre nos pas sur ceux de nos ancêtres en commençant par le respect, car le respect engendre l’amour qui va ensuite nous conduire à la paix. » précisent-ils.

Les frères Ouattara se définissent comme des experts en maques africains en plus d’être artistes plasticiens et sculpteurs. Ils ont mené des recherches liées aux masques et statues ou tout autre objet animé par la voix, le geste ou la lumière. Ils ont opté de copier les vrais masques pour qu’ils restent dans leur environnement. « Ce sont des « facs » simulés, ça veut dire des copies de masques qui n’ont aucune valeur sacrée. Si vous voulez, elles ne sont pas investies de leur pouvoir magique. Nous faisons les copies pour que les vraies restent dans leur environnement, en vue de promouvoir et de revaloriser la culture burkinabè. Nous sommes connus dans le monde entier pour ce travail de copieur de masques.

Nos 25 ans de faiseurs de copie nous a amenés à quelque chose que nous appelons la création contemporaine puisque nous sommes des artistes plasticiens après tout. Nous faisons nos masques personnels de telle sorte à créer nos propres symboles tout en nous inspirant de la sculpture traditionnelle » ajoutent-ils.
Les jumeaux Ouattara utilisent la polychromie ou art de la patine pour vieillir certaines de leurs œuvres. C’est une autre forme d’art qu’ils font, disent-ils. L’exposition « Probité » restera visible tout au long de la SNC, pour « exorciser » la peur que nourrissent beaucoup de personnes vis-à-vis des masques.

✍️Marie laurentine Bayala