Violences contre la justice et la prison de Diapaga : grève de protestation des acteurs du secteur le 14 mars
Le 03 mars 2016, la brigade territoriale de gendarmerie de Diapaga déférait devant le Procureur du Faso près le Tribunal de Grande Instance de ladite ville un élève, présumé auteur de faits de viol commis sur une fille âgée de seize ans environ.
Le Procureur du Faso ayant saisi le juge d’instruction d’un réquisitoire introductif aux fins d’informer, ce dernier décidait, après l’interrogatoire de première comparution faite le 07 mars 2016, de décerner un mandat de dépôt contre le mis en cause en attendant la suite de la procédure.
Le même jour, des élèves de Diapaga décidaient d’exiger la libération du mis en cause. Après s’être rendus au Haut-Commissariat à cette fin, ils continuaient au Palais de justice de Diapaga où une délégation était reçue par le Procureur du Faso.
Celui-ci, au regard de la situation, s’entretenait avec eux, les renseignait sur les motifs et les contours de la procédure, et leur signifiait l’impossibilité à pouvoir accéder à leur requête.
N’ayant pas obtenu gain de cause et en dépit des explications à eux fournies, les élèves décidaient d’user de violences pour obtenir la libération du mis en cause. C’est ainsi qu’après avoir dégradé certaines parties des locaux du palais, ils se rendaient à la maison d’arrêt et de correction de Diapaga, en ayant pris en passant la mère de la victime en otage que certains suggéraient de violer également si elle ne retirait pas sa plainte.
C’est dans ces circonstances que pour une situation qui était prévisible pour avoir commencé depuis 8h courant, les agents de cette maison d’arrêt et de correction devaient se retrouver seuls à défendre à partir de 11h courant leurs locaux contre les élèves sans pouvoir bénéficier à temps d’un renfort extérieur. Cette tâche était rendue d’autant plus difficile que la maison d’arrêt de Diapaga n’est pas aujourd’hui entièrement clôturée et n’a pas de portail, ce qui est inconcevable si on veut respecter le minimum de normes prévues pour un tel établissement.
Les éléments de la garde de sécurité pénitentiaire n’ayant pas voulu faire de victimes parmi les élèves avec les armes qu’ils avaient pour se protéger et protéger les locaux -ce qui est louable-, c’est eux qui devaient finalement en souffrir.
Le bilan provisoire de ces violences se résume ainsi qu’il suit :
- dix blessés parmi les gardes de sécurité pénitentiaire dont un grièvement ;
- des dégâts matériels au palais ;
- des dégâts matériels à la maison d’arrêt et de correction
Cette situation, de par sa nature et la manière approximative dont elle a été gérée, oblige à un certain nombre de questions :
1)- Pourquoi en dépit de la gravité de la situation, il n’y a eu aucune réaction publique du pouvoir politique, notamment du ministre de tutelle ? Le silence serait-il une caution morale ? Le même silence serait-il de mise s’il y avait eu des victimes du côté des élèves ? La banalisation de la vie des acteurs judiciaires de la part même des autorités de tutelle ne peut se supporter ;
2)- Pourquoi la garde de sécurité pénitentiaire n’a-t-elle pas pu bénéficier à temps d’un renfort extérieur ?
3) Quel est le type de société dans laquelle nous voulons vivre ? Si on fait « courageusement » le choix d’une société dans laquelle l’élève bénéficiera d’une immunité quel que soit ce qui peut lui être reproché, les acteurs judiciaires dont les représentants soussignés s’inclineront devant ce choix. Si on s’interdit un tel choix et que dans les faits, les acteurs judiciaires doivent, à l’occasion de faits à eux souvent déférés concernant des élèves, se retrouver chaque fois sérieusement exposés sans réaction responsable du pouvoir politique, leur en voudra-t-on de devoir renvoyer entre temps au même pouvoir politique toutes les affaires impliquant un élève ?
Face à ces évènements, aux menaces graves pour la vie des acteurs judiciaires exerçant à Diapaga, au louvoiement et au manque de courage du pouvoir politique et qui rappellent de nombreuses situations similaires déjà vécues, les syndicats de magistrats, de greffiers et de la garde de sécurité pénitentiaire, réunis ce jour 11 mars 2016 :
- Condamnent sans réserve les violences inqualifiables perpétrées le 07 mars 2016 contre les personnels et les locaux judiciaires et pénitentiaire à Diapaga ;
- Apporte leur total soutien aux victimes, blessés ainsi qu’à leurs familles ;
- Prennent acte de l’absence de toute réaction publique du pouvoir politique, et notamment, des autorités de tutelle ;
- Exigent des différentes hiérarchies des personnels judiciaires affectés par cette situation leur redéploiement immédiat dans d’autres juridictions et établissements pénitentiaires afin de garantir leur sécurité ainsi que celle de leurs familles et recréer à leur niveau les conditions psychologiques nécessaires au don de soi ;
- Exigent une clarification de la situation dans tous ses aspects pour les éventuelles suites judiciaires ou administratives ;
- Exigent des mesures de sécurité immédiates et sans délai pour toutes les enceintes judiciaires ;
- Décrètent un arrêt de travail couvrant la journée du lundi 14 mars 2016 dans tous les palais de justice et établissements pénitentiaires du Burkina-Faso en signe de solidarité avec les acteurs judiciaires du palais de justice et de la maison d’arrêt et de correction de Diapaga.
Ouagadougou, le 11 mars 2016
Le Secrétaire Général du Syndicat des Magistrats Burkinabè (SMB)
Christophe COMPAORE
Le Secrétaire Général du Syndicat Burkinabè des Magistrats (SBM)
Moriba TRAORE
Le Secrétaire Général du Syndicat Autonome des Magistrats du Burkina (SAMAB)
Antoine KABORE
Le Secrétaire Général du Syndicat National de la Garde de sécurité pénitentiaire (SYNAGSP)
Siaka BAYOULOU
Le Secrétaire Général du Syndicat des Greffiers du Burkina (SGB)
Abdoul-Aziz KAFANDO
Le Secrétaire Général du Syndicat National des Agents de la Justice (SYNAJ)
Adama NIKIEMA
« Bonsoir et merci de nous suivre …» : le 2e bébé de Yacouba TRAORE désormais en librairie
Yacouba TRAORE, SG de l’ISTIC, ancien DG de la RTB vient de mettre sur le paysage littéraire burkinabè un nouveau livre intitulé « Bonsoir et merci de nous suivre… ». La dédicace a eu lieu le 10 mars 2016 à Ouagadougou et ce, à l’occasion de la Journée internationale de la francophonie devant un parterre de parents, familles, journalistes, étudiants et éminents littéraires qui ont voulu être témoins.

Après GASSE GALO, voilà « Bonsoir et merci de nous suivre… » du journaliste écrivain Yacouba TRAORE. Un ouvrage qui se veut une « Radioscopie de l’information télévisée au Burkina Faso et ailleurs ».
En effet, c’est un livre de près de 400 pages écrit pour rendre hommage aux médias pour le travail inlassable qu’ils abattent au quotidien. Mention spéciale a été faite à feu Salif BELEM, un intrépide cadreur de la RTB. Et à travers lui, c’est à tous ceux qui inventent la lumière afin que les journalistes resplendissent sous les feux de la rampe, les techniciens qui travaillent dans l’ombre pour faire briller les journalistes que l’auteur honore.
Pour l’auteur, « Bonsoir et merci de nous suivre… » est le produit de 25 années de pratique du journalisme de télévision. Il est inspiré de son vécu de reporter, de présentateur JT, de directeur de télévision et de DG de l’audiovisuel public du Burkina Faso.
On y trouve des anecdotes tirés de ses expériences propres. Les principes fondamentaux qu’il y soutient s’appuient sur la pratique de même que sur les enseignements qui lui ont été dispensés par ses illustres devanciers.
A cette occasion l’aîné de « Bonsoir et merci de nos suivre » « GASSE GALO » a de nouveau été présenté.
Pour Dramane KONATE, le modérateur et président de la Société des Auteurs, des Gens de l’Ecrit et des Savoirs (SAGES), l’œuvre est un précis de journalisme aux contours pédagogiques, techniques et professionnels; une œuvre qui sera fort utile pour les générations montantes. Il la recommande aux journalistes, aux écoles de communication et de journalisme.

La cérémonie de dédicace intervient dans le cadre de la Journée internationale de la francophonie, célébrée chaque 20 mars dans tous les Etats membres de l’organisation. C’est dans le cadre de sa mission de promouvoir la langue française que cette œuvre a été dédicacée à l’occasion de la 6e Agora.
La Secrétaire Générale de la Commission nationale pour la francophonie Stella Eldine KABRE a rappelé à l’occasion le thème central de la journée : « Le pouvoir des mots » et celui national qui est : « Le français, langue de paix, de tolérance et de dialogue ». Elle a aussi réitéré le soutien que son organisation ne cessera d’apporter à la promotion de la langue française mais aussi des langues locales.

C’est Fillippe SAWADOGO, ancien ambassadeur et ancien ministre de la Culture, du Tourisme et de la Communication qui a parrainé la cérémonie. « Tout montre que nous pouvons avoir plusieurs vies; la vie professionnelle et la vie personnelle. Yacouba TRAORE a été la personne qui a sans transition œuvré durant cette période à beaucoup de choses », a-t-il laissé entendre.
« Bonsoit et merci de nous suivre… » coût 10 000 FCFA en librairie.

Y. Alain Didier COMPAORE
Société des Editeurs de la Presse Privée (SEP): Communiqué relatif à la suspension du bimensuel l’Evénement
En sa séance ordinaire du 18 février 2016, le Conseil supérieur de la communication (CSC) du Burkina Faso a suspendu pour un (01) mois notre confrère le bimensuel l’Evènement. La raison invoquée est la divulgation de secrets militaires par le journal à travers un article intitulé « Les poudrières du Burkina » paru dans sa parution n°320 du 10 février 2016. Ledit article incriminé présentait une cartographie des sites des poudrières de l’armée nationale.
Suite à cette publication, l’armée par l’entremise de son service de communication, avait saisi le CSC et convoqué le directeur de publication et le rédacteur en chef du journal pour des échanges dans une démarche qui se voulait « non contentieuse ».
Nonobstant, cette démarche empreinte d’élégance et de courtoisie entre l’armée et la presse, le Conseil supérieur de la communication procédait sans même se donner la peine de la moindre audition, donc en violation flagrante de toutes les procédures élémentaires matière de sanctions qui imposent au préalable une audition des mis en cause, à la suspension du journal.
Malgré cette sanction inédite et brutale, les organisations professionnelles des médias à travers le Centre nationale de presse Norbert Zongo ont néanmoins pris l’initiative d’engager le dialogue avec le CSC et l’Etat – Major de l’armée. De son côté, le journal se sentant abusivement sanctionné a décidé d’ester en justice.
La voie judicaire a abouti à un sursis à exécution de la décision du CSC prononcé par le juge administratif en faveur du journal. Ainsi donc, cette décision de la justice qui suspend la sanction contre l’Evènement permet au confrère de pouvoir reparaître normalement après avoir manqué le rendez-vous du 25 février dernier avec ses lecteurs.
En attendant la suite de la procédure judiciaire sur le fond, la SEP se réjouit que le journal ait été autorisé par la justice à reprendre ses droits et les publications au profit des lecteurs et des citoyens. Par ailleurs, au regard de la santé très précaire de nos entreprises de presse, cette décision est salvatrice et mérite d’être applaudie.
En tout état de cause, profondément indignée par cette manière brutale de réguler les médias, la Société des éditeurs de la presse privée appelle à reposer le débat sur deux préoccupations majeures que ce contentieux entre le CSC et le journal l’Evènement suggère de façon fondamentale. Il s’agit :
- De la notion de « secret militaire » et de la législation actuelle y relative, lesquelles nécessitent à la fois une meilleure définition notionnelle et une actualisation législative adéquate ;
- Des pratiques actuelles du CSC qui tend à privilégier ses pouvoirs de sanction sur son rôle de régulation, d’encadrement et de promotion pour une meilleure expression de la liberté de presse et du droit à l’information des populations.
Le président
Lookmann SAWADOGO