Au Burkina Faso, la médecine traditionnelle a été officiellement reconnue par la loi N° 23/94/ADP du 19 mai 1994 portant Code de la Santé Publique. Depuis cette date, l’engagement des décideurs et des acteurs a permis de réussir son institutionnalisation et d’entamer son intégration dans le système de santé. Cet engagement s’est traduit notamment par la prise en compte de la médecine traditionnelle dans le premier plan national de développement sanitaire (PNDS 2001-2010), la création d’une direction chargée de la médecine et de la pharmacopée traditionnelle, l’adoption d’une politique nationale, la mise en place d’une règlementation sur l’exercice, la valorisation des médicaments, la référence/recours des malades, et les établissements de soins traditionnels.La personne qui exerce la médecine traditionnelle est appelée tradipraticien de santé c’est-à-dire une personne reconnue par la communauté où elle vit, comme compétence pour diagnostiquer des maladies et invalidités y prévalant, dispenser des soins de santé et utilisant des méthodes et des produits traditionnels d’origine végétale, animale ou minérale. Les tradipraticiens de santé (TPS) sont des acteurs privilégiés dans la promotion et le développement de la médecine traditionnelle. Pour l’OMS, leur organisation de même que la règlementation de leur exercice à travers la collaboration est un gage de renforcement de l’intégration de la médecine traditionnelle dans les systèmes de santé. Cette intégration doit permettre de relever les défis de santé qui se posent à nos populations d’où le thème de cette édition 2015 de la journée africaine de la médecine traditionnelle « Règlementation des tradipraticiens de santé dans la région africaine de l’OMS ».Au Burkina Faso, le renforcement de la collaboration a permis d’atteindre de nombreux acquis en matière de règlementation. La mise en œuvre de cette règlementation a abouti à des résultats dont entre autre l’autorisation de l’exercice de la médecine traditionnelle a plus de cent tradipraticiens de santé, l’homologation de plus de quarante médicaments traditionnels (médicament conçu et développé par un tradipraticien ou un chercheur à partir des connaissances ou informations issues de la pharmacopée traditionnelle), la mise en place d’un système de référence / recours, la formation de plus de 2 000 tradipraticiens de santé .
La règlementation actuellement en vigueur classe les TPS en six catégories et les médicaments traditionnels en quatre catégories.
Les six catégories de tradipraticiens de santé sont :
Le Naturothérapeute : Personne utilisant exclusivement des substances naturelles comme moyen thérapeutique
L’accoucheuse traditionnelle : Personne prodiguant des soins de santé à une femme et à son nouveau-né avant, pendant et après accouchement
Le Chirkinésithérapeute : Personne pratiquant avec la main des massages ou des modifications sur les parties du corps malades ou blessées
Le Ritualiste : Personne utilisant des rites (religieux ou non) pour soigner
L’herboriste : Personne conditionnant et vendant des matières végétales à des fins thérapeutiques
Le médico-droguiste : Personne conditionnant et vendant des matières animales et/ou minérales à des fins thérapeutiques.
Concernant les médicaments, l’homologation (processus qui aboutit à l’octroi de l’autorisation de mise sur le marché) se fait par une procédure allégée. De 2007 à nos jours, une quarantaine de médicaments traditionnels améliorés ont été homologués.
La médecine traditionnelle s’impose progressivement comme une force d’innovation, de progrès scientifique, économique et social. C’est pourquoi le gouvernement s’engage à soutenir des perspectives innovantes de ce secteur comme la révision de la politique nationale et l’élaboration d’un plan stratégique quinquennal, la mise en place de structures d’interface dans les hôpitaux dont deux seront bientôt fonctionnelles dans les Centres hospitaliers régionaux (CHR) de Tenkodogo et de Ouahigouya et la construction d’un Centre de référence (le centre de médecine traditionnelle et des soins intégrés de Ouagadougou) dont le lancement des travaux de construction est prévu le 19 septembre 2015 à Tengandogo.