A l’instar de la communauté internationale, le Burkina Faso célèbre ce 19 novembre 2019 la Journée Mondiale des Toilettes (JMT) sous le thème « Ne laisser personne de côté ». La célébration de cette journée trouve son sens dans le plaidoyer et la sensibilisation pour la mise en œuvre et la recherche de solutions appropriées, à même de garantir un accès équitable et universel aux services d’hygiène et d’assainissement, avec la contribution de tous les acteurs et de toutes les couches.

Selon l’ONU-UNICEF, en 2015, une personne sur trois dans le monde, soit 2,4 milliards d’individus, vit toujours sans installations sanitaires. Selon la même source, en 2017, 60% de la population mondiale soit 4,5 milliards de personnes vivent en effet sans toilettes à la maison ou disposent de toilettes qui ne permettent pas une gestion hygiénique des excréments, 892 millions de personnes pratiquent toujours la défécation à l’air libre dans le monde et 1.8 milliard d’individus au monde consommeraient de l’eau contaminée par les matières fécales. En moyenne 2 082 enfants de moins de cinq ans meurent chaque jour de maladies diarrhéiques à cause du manque de toilettes ou des toilettes inadaptées (OMS, 2013). Selon l’OMS en 2012, 6,6 millions d’enfants sont morts avant leur cinquième anniversaire, décès dû principalement aux maladies diarrhéiques et le paludisme.

La situation de la gestion de l’assainissement au Burkina Faso

Au Burkina Faso le taux d’accès à l’assainissement adéquat en 2018 est de seulement 22 ,6% dont 38,2% en milieu urbain et 16,4% en milieu rural. Plus de 2/3 des Burkinabè ne disposent toujours pas de systèmes adéquats de gestions des excrétas et près de 85% des eaux usées sont rejetés dans la nature sans précaution pour la santé et l’environnement. En outre, le pays perd chaque année 86 milliards de FCFA du fait du manque d’assainissement, selon une étude documentaire réalisée en 2012 par le Programme Eau et assainissement de la Banque mondiale.

Pour faire face à cette problématique de l’assainissement, le Burkina Faso a adopté les Objectifs du Développement Durable (ODD) en son point 6.2 (ODD6.2) : « assurer d’ici à 2030, l’accès de tous, dans des conditions équitables, à des services d’assainissement et d’hygiène adéquats et mettre fin à la défécation à l’air libre, en accordant une attention particulière aux besoins des femmes, des filles et des personnes en situation vulnérable ». Conformément donc à ces objectifs et au PNDES (Plan national de développement économique et social), le pays a adopté le Programme national d’assainissement des eaux usées et excrétas (PN-AEUE) 2016-2030 qui constitue le référentiel et le cadre programmatique des interventions dans le sous-secteur.

Le PN-AEUE vise à assurer un assainissement durable des eaux usées et excrétas à travers l’éradication de la défécation à l’air libre (DAL) dans un contexte de changement de comportement, l’accès universel et continu des populations aux services d’assainissement conformément à l’approche fondée sur les droits humains (AFDH), l’optimisation de la gestion et la valorisation des eaux usées et boues de vidange dans une perspective de protection environnementale et sociale, le développement de la recherche dans le domaine de l’assainissement des eaux usées et excrétas en soutien à l’amélioration de l’offre technologique et des pratiques et le renforcement des capacités de financement, de gestion et de pilotage du sous-secteur.

Le combat de notre pays pour un accès à des toilettes décentes

A terme, le PN-AEUE vise la réalisation de 740 189 latrines familiales,  de 2 095 163 puisards, de 6000 latrines dans les établissements sanitaires, scolaires et les lieux publics et un nombre de 8 653 villages certifiés avoir atteint le statut de fin de défécation à l’air libre (FDAL).

Des progrès ont certes été enregistrés dans le sous-secteur avec le concours de l’ensemble des partenaires au développement dont les efforts considérables sont à saluer, mais de grands défis demeurent à relever.

«Ne laisser personne de côté», ce thème retenu cette année, nous interpelle tous d’une part, à réduire les inégalités entre les milieux et d’autre part, à renforcer les actions en faveur des couches les plus pauvres et marginalisées de la population (femmes, enfants, personnes à mobilité réduite, personnes déplacées…).

« Ne laisser personne de côté » voudrait voir la traduction en actes concrets, l’effectivité du droit à l’assainissement qui est essentiel à la vie et à la dignité et garantit à toute personne le droit d’accéder à des installations d’assainissement de nature hygiénique, culturellement acceptables, physiquement accessibles et financièrement abordables.

Plusieurs actions seront menées pour rendre effectifs les droits humains à l’assainissement sans discrimination. Les besoins des personnes vulnérables et marginalisées de façon générale seront priorisés durant la planification, la mise en œuvre et l’évaluation des programmes. Pour ce faire les ouvrages d’assainissement dans les structures publiques ou privées répondront aux besoins de tous. L’accès aux toilettes publiques et institutionnelles mais aussi leur entretien sont un combat que nous gagnerons grâce à l’engagement de tous.

La célébration de la Journée Mondiale des Toilettes est marquée par un contexte d’insécurité ou les populations affectées par la crise ayant besoin de services d’eau, d’hygiène et d’assainissement sont estimées à près de 1 900 000 personnes.

Face à cette situation et pour « Ne laisser personne de côté », un appel est lancé aux acteurs étatiques et aux collectivités territoriales, aux partenaires techniques et financiers, aux médias, aux autorités coutumières, religieuses et politiques, pour une synergie d’action en faveur de la réduction du taux de défécation en plein air.

Ministère de l’Eau et de l’assainissement