Des producteurs exposent des sacs de niébé, de pois de terre ou d’arachide dans les stands dressés à l’occasion de la journée mondiale des légumineuses à Réo. Les visiteurs ne tarissent pas d’éloges en voyant la bonne mine que présentent les graines. Les premières commandes commencent à tomber et dame Awa Ouédraogo venue du Bam, s’active pour servir les clients du jour. Les légumineuses doivent leur belle apparence aux sacs à triples fonds et aux bidons dans lesquels elles sont conservées. Finie l’époque où ils utilisaient la cendre ou de simples sacs pour préserver leurs productions. Les producteurs enregistraient de nombreuses pertes à cause des insectes ravageurs comme les bruches polyvoltines.

Une fois le défi de la conservation relevé, les légumineuses sont gardées en lieu sûr en attendant le moment propice sur le marché. En effet, c’est vers les mois d’Avril et de Mai, que le prix du niébé augmente. Quand les circonstances les obligent à vendre avant cette période, les producteurs à la limite bradent leurs légumineuses comme l’explique Nagalo Babou, de l’Union Provinciale des Producteurs de Niébé du Sanguié « Les commerçants qui viennent de Ouagadougou nous imposent leurs prix. Nous sommes parfois obligés de céder nos sacs, le cœur serré. L’argent que nous gagnons ne comble pas nos efforts » confie-t-il.  

Tout autre son de cloche chez Benoît Bayili, un exposant venu de Ténado.  Il estime que le secteur est porteur et pense que c’est au producteur de fixer le prix « Tant que le prix que le commerçant me propose, ne m’arrange pas, je ne vends pas. Mon bénéfice annuel vacille entre 300.000 et 400.000 FCFA » ajoute-t-il.

Pour juguler le yo-yo des prix, Awa Ouédraogo se joue les stratèges. Membre de la Coopérative Tarwend-Panga de production de niébé, elle dit ne pas céder toute sa production à la coopérative. « Je suis malin, je ne vends pas tout mon niébé à la coopérative. Je garde une partie que je vends moi-même au marché afin de subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille.»  dit-elle. Tarwend-Panga réunit 30000 femmes. Ce nombre ne suffit pas pour cultiver les champs de la coopérative qui recrute chaque année des hommes pour emblaver des hectares. En avril prochain, Awa compte mettre sur le marché 30000 sacs de niébé. Par expérience, elle est convaincue de pouvoir les écouler à des prix alléchants.

Les légumineuses pèsent lourd dans la balance économique du Burkina Faso. Les acteurs comptent sur la providence étatique pour augmenter les rendements à l’hectare. Ils l’ont réaffirmé pendant la célébration de la deuxième journée des légumineuses à Réo le 10 février dernier. L’octroi d’intrants ou d’équipements serait d’une grande aide selon Benoît Bayili.

 

Marie Laurentine Bayala