Le président du Faso Roch Marc Christian Kaboré a prononcé ce jour une allocution à l’occasion de la 75e Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies.
Ouagadougou /New York, 24 septembre 2020.
Monsieur le Président
Monsieur le Secrétaire général des Nations Unies
Mesdames et Messieurs les Chefs de délégation
Distingués délégués
Mesdames et Messieurs
Monsieur le Président, votre brillante élection à la présidence de la 75ème session de l’Assemblée générale m’offre l’agréable occasion de vous adresser mes vives félicitations ainsi que celles de ma délégation.
Monsieur le Président sortant, Cher Professeur Tijjani Muhammad BANDE
Lorsque vous accédiez à la présidence de la 74ème session de l’Assemblée Générale des Nations Unies au titre de l’Afrique, nous étions bien loin de nous imaginer que notre Organisation, et au-delà d’elle, le monde entier, connaitrait une crise sanitaire aussi profonde que celle de la Covid-19.
Face à cette situation imprévisible, vous avez su avec votre équipe, vous adapter aux nouvelles exigences et relever les défis qui étaient les vôtres pour assurer la continuité des activités et le fonctionnement de l’Assemblée Générale.
Monsieur le Secrétaire Général
Le 22 janvier dernier, vous avez présenté devant l’Assemblée Générale vos priorités 2020, en identifiant ce que vous avez appelé les quatre  »cavaliers de l’apocalypse » que sont les tensions géostratégiques mondiales, la crise climatique  »existentielle », la méfiance croissante des peuples partout dans le monde et le  »côté obscur » du monde numérique.
Malheureusement moins de deux mois après, un cinquième cavalier de l’apocalypse, très destructeur, la maladie à coronavirus est apparue et s’est s’ajouté aux quatre déjà identifiés. Depuis lors, vous vous êtes pleinement investi pour que l’ONU se mobilise pour faire face à la pandémie et à ses conséquences multidimensionnelles.
Monsieur le Président
Mesdames et Messieurs les Chefs de délégation
Le 14 juin 2019 l’Assemblée générale des Nations Unies a, par la résolution 73/299, décidé de célébrer le 75e anniversaire de notre organisation commune sous le thème : « L’avenir que nous voulons, l’ONU qu’il nous faut : réaffirmons notre attachement collectif au multilatéralisme ». Mais avec la crise mondiale déclenchée par la pandémie de la Covid-19, le Président de l’Assemblée générale a complété le thème général de la célébration avec la mention « affronter la Covid- 19 grâce à une action multilatérale efficace ».
Ce thème qui sous-tend toutes les activités, réunions et conférences organisées par l’ONU en 2020, vient nous rappeler les raisons fondamentales de la création de notre organisation.
Pour la commémoration de cet anniversaire, nous aurions tous aimé être présents physiquement au Siège à New York, pour célébrer ensemble les valeurs prônées et défendues par les Nations Unies depuis sa création en 1945.
Malheureusement, la pandémie en a décidé autrement, rappelant la fragilité du monde et notre interdépendance.
Dès le 9 mars 2020, le Burkina Faso enregistrait ses premiers cas de Covid-19. Le Gouvernement a dû adapter ses actions aux réalités du moment, en prenant des mesures de quarantaine et de confinement des villes, et des restrictions diverses.
Monsieur le Président, distingués délégués,
La pandémie de la Covid-19, est une crise multidimensionnelle, risque d’anéantir tous les efforts en matière de développement dans de nombreux pays, surtout ceux touchés par les conflits.
C’est pourquoi, le Burkina Faso remercie le Secrétaire Général de l’ONU pour son appel mondial à la solidarité, lancé le 31 mars 2020. Cet appel a permis la mise en place d’un cadre mondial visant à favoriser une réponse intégrée et souple, pour tirer le meilleur parti de l’empreinte mondiale du système ONUSIEN.
Je saisis l’occasion pour saluer les mesures d’allègement de la dette en faveur des pays en développement, mais surtout pour lancer un appel pour son annulation pure et simple.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Chefs de délégation
Il y a de cela quelques mois, la question de la criminalité organisée était essentiellement analysée sous le prisme de la lutte antiterroriste. Aujourd’hui, avec l’émergence de la pandémie de la maladie à coronavirus, il nous faut dorénavant tenir compte du triptyque, criminalité organisée-terrorisme – COVID-19.
Dans cette guerre contre le terrorisme dans la région du Sahel, je voudrais saluer le soutien et l’accompagnement de la communauté internationale, preuve s’il en était encore besoin que la lutte contre le terrorisme est une question de sécurité internationale.
Sur le volet purement militaire, on peut souligner des avancées notables dans l’action de la Force Conjointe du G5 Sahel et des troupes amies. Aussi, nous ne saurons passer sous silence, l’implication fort appréciable du Secrétaire général du Conseil de sécurité, et de l’Union européenne dans la révision, en février 2020, de l’accord technique entre l’Union Européenne, les Nations Unies et le G5 Sahel qui permet désormais d’étendre l’appui de la MINUSMA à la Force conjointe du G5 Sahel au-delà des frontières du Mali.
Cependant, il faut regretter que ladite Force n’ait toujours pas atteint le niveau opérationnel souhaité. Aussi voudrais-je réitérer notre appel au Conseil de Sécurité pour que cette Force soit placée sous le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies et bénéficie d’un financement pérenne.
Je lance aussi un vibrant appel à tous les partenaires à soutenir activement la coalition internationale pour le Sahel créée en janvier 2020 à Pau en France.
Monsieur le Président
Distingués délégués
Dans notre lutte contre le terrorisme, des organisations ont accusé nos Forces de Défense et de Sécurité d’exactions et de violations des droits humains. Je voudrais ici réaffirmer que nos Forces de Défense et de Sécurité exécutent leurs missions dans le respect des droits de l’Homme, notamment le droit à la vie et le droit à l’intégrité physique des personnes, tels que garantis par les instruments juridiques auxquels le Burkina Faso est partie.
Toutes les fois où les membres des Forces de Défense et de Sécurité ont été mis en cause par des accusations, des enquêtes ont été ouvertes afin de situer les responsabilités et de sanctionner les auteurs.
Je tiens à rassurer les partenaires du Burkina Faso et la communauté internationale, qu’en dépit de la modestie de nos moyens, les Forces de Défense et de Sécurité luttent contre le terrorisme avec professionnalisme, dans le strict respect des règles d’engagement qui régissent leurs actions.
En tout état de cause, le Burkina Faso ne ménagera aucun effort pour relever les défis de la lutte contre le terrorisme, pour garantir la protection de ses populations et des réfugiés, et continuera à œuvrer pour ramener la paix et la sécurité sur l’ensemble du territoire national, dans le respect des règles du droit international.
Dans ce sens, le 1er juillet dernier, mon Gouvernement a marqué son accord pour l’ouverture d’un bureau du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme au Burkina Faso.
Monsieur le Président
Mesdames et Messieurs les Chefs de délégation
Au Burkina Faso, les électeurs iront aux urnes le 22 novembre 2020 pour les élections couplées, présidentielle et législatives. Toute la classe politique, majorité comme opposition, a décidé, de manière consensuelle, d’aller aux élections, en dépit de l’insécurité qui prévaut dans certaines régions du pays.
Je réaffirme l’engagement de mon gouvernement à organiser des élections transparentes, inclusives et apaisées. A cet effet, dès juillet 2019, j’ai institué un cadre de dialogue politique permanent avec l’ensemble des composantes de la classe politique burkinabè, pour lever les obstacles qui viendraient à se poser tout au long du processus.
Monsieur le Président
Distingués délégués
Au Burkina Faso, nous avons pris conscience très tôt de la nécessité de préserver l’environnement. Dans toutes nos politiques, les dispositions sont prises pour inverser la tendance de la dégradation de l’environnement, et assurer durablement la gestion des ressources naturelles.
Les tragiques inondations de ces dernières semaines dans notre pays et dans plusieurs pays du continent, viennent nous rappeler la nécessité d’avoir un engagement plus fort en faveur de l’approche multilatérale, incarnée par la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques
Monsieur le Président
Mesdames et Messieurs les Chefs de délégation
Le Burkina Faso, pays contributeur de troupes qui accompagne les Nations Unies dans la recherche de la paix, a, malgré sa propre situation intérieure, déployé mille cent trente [1130] hommes dont un [01] bataillon et deux [02] unités de police constituée et soixante (69) postes individuels.
Je saisis l’occasion pour réaffirmer la disponibilité du Burkina Faso a toujours s’engager aux côtés des Nations Unies pour la recherche de la paix partout dans le monde par le déploiement de son personnel en uniformes et de ses experts judiciaires.
Monsieur le Président
Mesdames et Messieurs les Chefs de délégation
Le monde dans lequel nous vivons fait peur car la paix et la sécurité internationales sont menacées au vu des tensions géostratégiques mondiales.
Aujourd’hui encore, les questions africaines sont les plus nombreuses dans l’agenda du Conseil de Sécurité.
La crise sécuritaire qui persiste dans la région du Sahel et dans le Bassin du Lac Tchad est une véritable préoccupation à laquelle il faut trouver des réponses, sachant que la situation créée en Libye en est une des causes.
C’est donc dire que le règlement de la crise politique en Libye est un des gages du retour de la paix dans ces régions. Aussi invitons-nous le Conseil de Sécurité à nommer le nouvel Envoyé spécial conjoint ONU/Union Africaine pour conduire les négociations.
Au Mali, nous appelons à un règlement de la crise politique, et à un retour rapide à l’ordre constitutionnel, et soutenons les décisions de la CEDEAO, pour une transition civile.
Sur le dossier du Sahara Occidental, les avancées notables qui ont été enregistrées suite à la tenue des deux tables rondes de Genève entre l’Algérie, le Maroc, la Mauritanie et le Polisario, méritent d’être consolidées. Et pour ce faire, le Burkina Faso souhaite la nomination du nouvel Envoyé Spécial pour poursuivre l’œuvre de son prédécesseur.
Sur la situation au Moyen Orient, et singulièrement sur le conflit israélo-palestinien, il y a véritablement lieu de relancer les efforts diplomatiques visant à mettre fin au conflit.
Au sujet du blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba depuis 1962, le Burkina Faso réitère son appel pour sa levée.
Le Burkina Faso félicite Cuba pour avoir su endiguer la pandémie, et, par solidarité internationale, a envoyé des centaines de médecins et personnels soignants dans plus de 35 pays à travers le monde en réponse à des demandes d’aide immédiate.
Monsieur le Président
Distingués délégués
Soixante-quinze ans après sa création, et après plus de 20 ans de négociations intergouvernementales, la réforme des Nations Unies se fait encore et toujours attendre. Pourtant, tout le monde s’accorde à reconnaitre qu’elle doit permettre de réparer l’injustice faite à l’Afrique, et que la revendication africaine est une aspiration légitime.
Je réitère donc le soutien de mon pays à la position commune africaine, telle que reflétée dans le Consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte au terme desquels, l’Afrique doit être pleinement représentée dans tous les organes de décision de l’ONU, en particulier au Conseil de sécurité.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Chefs de délégation
Mesdames et Messieurs
En adoptant le 21 septembre dernier la Déclaration finale de commémoration du soixante quinzième anniversaire de notre Organisation, nous avons reconnu que notre Organisation n’a pas atteint le niveau que ses pères fondateurs avaient souhaité car la pauvreté, la faim, le terrorisme, l’extrémisme ou encore l’insécurité entre autres, sont toujours d’actualité.
Face à ce constat nous nous sommes engagés devant l’histoire à ne laisser personne de côté, à promouvoir la paix et la coopération digitale, et à prendre en compte les jeunes, les femmes et les filles, dans toutes nos politiques de développement.
Nous reconnaissons l’interdépendance des différents défis auxquels fait face l’ONU, lesquels ne peuvent être résolus que par le renforcement du multilatéralisme. C’est pourquoi je fonde l’espoir que le rapport du Secrétaire Général qui nous sera proposé avant la clôture de la 75ème session, nous permettra de regarder l’avenir avec plus d’optimisme.
Une fois de plus nous réaffirmons notre attachement collectif au multilatéralisme.
L’ONU doit rester notre boussole commune.
Vive les Nations Unies
Vive la coopération internationale
Je vous remercie.