Une fille agonisante ; malaise des pêcheurs ; des poissons sans vie sur la berge. Voici le décor d’ensemble qui annonce le sujet de « La Forêt du Niolo ». Le premier long métrage d’Adama Roamba sélectionné pour le grand prix de la 25ième édition du FESPACO 2017. Une fiction construite sur des points de contradiction dont le scenario est récompensé à cette biennale du cinéma africain.
Kari, petit village dans la région de Niolo fait l’objet d’une convoitise. Pour cause son sous sol regorge du gaz et du pétrole mais aussi de l’eau. L’exploitation des ressources des gisements empoissonne l’environnement. Situation qui, naturellement oriente le film sur des points de contradiction.
Champ d’opposition
L’espace du récit du film de Roamba se construit sur de nombreuses oppositions. Des plans de Kari le village et de la ville où se tirent les ficelles et se décident des enjeux économiques avec Kader Traoré. Les jeux d’acteur de celui-ci vont à l’encontre de Aicha, l’environnementaliste de l’Ong « Nature verte ». Celle-ci se fait aider dans son combat par son compagnon Nathanaël le journaliste. L’évolution de ce bras de fer constant entre le camp de Kader et Aicha entretient les rebondissements du scenario de cette fiction. Avec des répliques qui marquent l’état des rapports sur la scène des protagonistes : « De quel côté es-tu ? » : interroge Gerad Essomba dans le rôle de Kader Traoré
Les rôles d’intermédiaires
Du film, on note des passerelles. Celle de la langue qui se fait au moyen du sous titrage lorsque le discours du film n’est pas en français, en malinké mais en chinois. La médiation également entre les faits du film et la réalité se combine pour produire un effet de vraisemblance. Une scène témoin : l’intérieur du film révèle le récit dans un journal télévisé des conséquences des événements du lac de Niolo et celui de la bataille d’Alep en Syrie. L’info de fiction devient voisine des faits filmiques. L’ingéniosité de la prise de vue emballe le spectateur entre deux medias que sont le cinéma et la télévision à travers la technique de la mise en abyme. Deux formes de communication s’entremêlent ici.
Panorama
La forêt de Niolo donne à voir des images soignées. Des panoramiques qui reflètent le paysage du bois du lac de Kari. Les travellings qui suivent les personnages renforcent de temps à autre la clarté des séquences dans la forêt. Des vues aériennes font par ailleurs le lien entre des scènes de Kari et la capitale où la scène finale laisse entendre un chant dont la thématique ne parle que de la désolation causée par la cupidité à tout prix. Le tout pour un sujet réfléchi sur le refus de la chute du Niolo.
Hector Victor KABRE
ASCRIC-B
Cet article est une critique de l’ASCRIC-B