Les Ouagalais ont des avis partagés sur le message à la Nation du Président du Faso à l’occasion du nouvel An 2020. Pour certains citoyens, le Président a été concis et a surtout eu un message rassembleur autour de l’idéale commun qu’est la patrie. Pour d’autres, même s’il a évoqué les victimes du terrorisme, il n’a pas donné des solutions sur la situation des déplacés internes et a manqué de se prononcer sur certaines questions importantes comme le F CFA.
Comme il est de coutume, le Président Roch Marc Christian Kaboré a adressé son message de fin d’année à ses compatriotes. Un discours sur fond de défi sécuritaire et bien apprécié par certains ouagalais que nous avons interrogés.
Un discours de sincérité et plein d’espoir sur le plan sécuritaire !
David Belemnaba, un cadre de l’administration publique retient la pensée du Président « à l’endroit des victimes du terrorisme et surtout les familles des victimes, les orphelins ». Selon lui, Roch Marc Christian Kaboré « a exprimé la sympathie et la tendresse de la Nation tout entière à l’endroit de ces victimes. Il a également parlé de la défense et de l’intégralité du pays qui est non négociable. Dans son intervention il a relevé que ce pays nous a été légué par nos ancêtres, c’est un message très fort et nous ne devons pas trahir la mémoire de nos ancêtres. »
Pour David Belemnaba, c’est aussi un discours d’espoir, l’espoir de la fin très proche du terrorisme. Il fonde son espoir sur l’adoption de la politique nationale de la sécurité. Une politique qu’il juge historique pour le Burkina.
Le journaliste Zoubaviel David Dabiré estime que le chef de l’Etat a pris toute la mesure de la question sécuritaire en appelant tous les Burkinabè à l’union sacrée autour des Forces de défense et de sécurité. Pour le reporter, c’est un message réussi en terme de sécurité, de politique, dans la mesure où il a annoncé la tenue des élections conformément à la Constitution.
L’administrateur des services financiers, Madi Bansé a trouvé le discours plein de sincérité. Pour lui, beaucoup de préoccupations des Burkinabè ont été prises en compte, notamment la question sécuritaire. « Le discours s’est fait sur un ton responsable », confie-t-il.
Un discours court, concret !
« Il a fait un discours conciliant, court, concret, convaincant, c’est un message parfait que le Chef de l’Etat a lancé et je suis satisfaite. On a senti l’envie d’améliorer les choses, de la sincérité dans les propos. Il a appelé à l’union sacrée, à la solidarité des fils et filles du Burkina pour vaincre le terrorisme.« , apprécie Agnès Gansoré, conseillère en promotion du genre. Pour elle, la compassion et le message d’amour du Président Roch Marc Christian Kaboré à l’endroit des veuves, des orphelins et des déplacés du terrorisme est l’un des points forts de son message.
Un message invisible sur le plan social !
David Belemnaba avoue être marqué par la volonté du Président de reprendre les travaux de la conférence sur l’harmonisation des rémunérations des agents publics. Ce cadre de l’administration publique estime que l’aboutissement permettra au Burkina d’être stable sur le plan de la politique salariale. Une politique qui viendra selon lui « restaurer la confiance entre le gouvernement et les partenaires sociaux. »
Zoubaviel David Dabiré ne partage pas l’optimisme de M. Belemnaba et de Mme Gansoré sur cette question. « …Sur le plan social, son message demeure invisible », indique M. Dabiré. Pour lui, quand le Président demande la trêve sociale, et dit avoir engagé le gouvernement à trouver des solutions à travers la remise à plat des salaires, il y a en même temps le problème de l’UITS. « Les différents partenaires sociaux ont interpellé le gouvernement sur la question mais jusque là c’est resté lettre morte. Quand on sait que janvier est le mois de sa mise en œuvre, on a bien peur que son appel à l’union sacrée ne soit pas entendu. Parce que des simulations ont montré que c’est une perte en terme de salaire pour les fonctionnaires.
Le journaliste estime que sur le plan social, il y a d’autres aspects qui ont manqué au discours du Président du Faso: « il n’y a pas eu d’annonce forte comme les gens l’attendait« , poursuit-t-il. Outre les remous sociaux qui peuvent menacer l’année 2020, Zoubaviel pense que le Président a survolé la question des déplacés qui sont dans des conditions précaires. « Il devait donner des mesures pour la prise en charge des milliers d’enfants qui sont là sans scolarité. Bien vrai il a compati à leur sort mais des mesures concrètes et fortes devraient être énoncées par le Chef de l’Etat », explique-t-il.
Le Président était attendu sur la question du F CFA !
« C’est vrai qu’il ne pouvait pas tout dire car tout est prioritaire dans ce pays mais je suis resté sur ma soif quant à la question du franc CFA. La question ne concerne pas seulement le Burkina mais j’aurai voulu entendre la position du Président sur le FCFA que dis-je sur le fameux ECO« , regrette l’administrateur des services financiers Madi Bansé.
Alain Didier Compaoré