15e édition de Gnanamaya : des artistes posent les jalons d’un marché des arts plastiques en Afrique
.

Bobo-dioulasso, est semble-t-il en berne sur le plan culturel. A écouter certains acteurs, seuls la musique, la danse et un peu le conte ont droit de cité. Qu’en en est-il des autres arts alors ? Quelques artistes comme le plasticien Issouf Diero se battent comme ils peuvent pour maintenir la flamme de leur passion.

Sous son impulsion, Sya abrite depuis 2008, une rencontre internationale d’art contemporain dénommée « Gnanamaya ». Elle se tient cette année du 23 au 27 janvier 2023. Issouf Diero est sans équivoque, il n’existe pas un marché des arts plastiques au Burkina Faso.

Pour le créer, il faut selon le fondateur de cette rencontre, que les journalistes culturels, les critiques d’art, les galéristes travaillent main dans la main pour vendre les artistes.

Beaucoup d’œuvres d’art poirotent dans les ateliers de fabrication. Ailleurs, comme l’indique Issouf Diero, une œuvre ne se vend pas seule. Il faut un travail de promotion de la pensée ou concept de l’artiste et de son talent. « Ici au Burkina Faso, les journalistes de façon générale n’écrivent pas sur les artistes. S’il y avait des critiques d’art, ils écriraient sur mes œuvres. Les galéristes les accueilleraient pour les exposer aux potentiels clients.

Mais cette organisation fait défaut. Tout le monde fuit pour aller en Europe parce qu’il y a un marché d’art. Mais nous gagnerons à copier ce qui marche à l’extérieur et à l’adapter ici » explique Issouf. Même son de cloche pour l’artiste plasticienne tunisienne, Ferdaws Chamekh qui fait partie des artistes en résidence de création à la maison de la culture de Bobo-dioulasso. La Tunisie peine à créer son marché des arts plastiques. Du coup, elle vise l’extérieur pour se faire connaître « C’est difficile de vendre une œuvre d’art en Tunisie. On essaye de travailler pour être visible à l’international afin d’avoir des marchés en dehors de la Tunisie » confie-t-elle.

La 15e édition de Gnanamaya allie résidences de création avec réflexions. Au deuxième jour du festival, des conférenciers ont pointé du doigt certaines faiblesses de l’art contemporain en Afrique. « Nous focalisons notre attention sur cet acte de création c’est-à-dire le processus de la création où l’on manipule la matière et l’on travaille très profondément. Mais malheureusement, on n’a pas assez d’écrits critiques qui permettent de mettre en lumière et en valeur, l’art contemporain en Afrique » a relevé Ikram Ben Brahim, universitaire et critique d’art.

Ce mercredi 25 janvier, le comité d’organisation va procéder à l’installation d’œuvres d’art au musée communal Sogossira Sanou suivie du vernissage dans l’après-midi.

✍ Marie Laurentine Bayala