Généralement, sur les tapis rouges et les estrades, les cinéastes prennent toute la lumière. Parce que c’est eux qui ont porté le film, parce que c’est eux qui ont managé une équipe sur le tournage, parce que c’est eux qui ont eu le final cut et parce que c’est eux qui prennent le risque d’être adulé ou conspué, selon que le public apprécie ou déteste leur film.
C’est ainsi que les professionnels vont souvent assister à une projection pour le nom du réalisateur plus que pour les acteurs : « Que valent les derniers films de Gomis, Touré, Traoré ? » « J’ai hâte de voir le premier long de Coulibaly, Goldblat… », sont le genre de phrases que l’on entend dans les longues files d’attente qui mènent aux salles de projection de Ouaga.
Le public, lui, est beaucoup plus friand de comédiens. Lorsqu’un couple de spectateur se rend au cinéma, c’est d’abord devant les affiches qu’il s’arrête longuement afin de savoir s’il vaut mieux assister à la projection du film avec Georgette Paré ou à celle avec Rasmané Ouédraogo. Dans leur conversation, ce sont les acteurs, souvent médiatisés grâce à des séries TV (qui leur colle parfois à la peau) dont on entend parler. Bien que le titre de la série – ou le nom du personnage – supplante généralement le nom du/de la comédien(ne).
Dans les pays anglophones, pourtant, le sens du business a su mettre en lumière les acteurs : couverture de magazines, publicités, tapis rouges, revues people… Tout est fait pour buzzer autour de celui ou celle qui ramènera le plus de spectateurs possible en salle. Si l’Afrique francophone se pliait à ce jeu, nous verrions donc des comédiens dans les pubs Maggi, Telecel ou Dafani, sur les écrans lumineux de Ouagadougou et les panneaux publicitaires du boulevard Charles de Gaulle.
Nous aurions une émission de cinéma très suivie ou chacun d’entre eux/elles viendrait raconter sa vie et son parcours, des paparrazzis qui les suivraient dans la rue et des magazines people qui raconteraient leurs aventures. Tout est question de marketing. Retenir un visage, un nom, se sentir proche de la personne, l’aimer, l’aduler puis foncer au cinéma dès qu’une star est à l’affiche : telle est la recette millénaire appliquée par les producteurs du monde entier pour entrer dans leurs frais lors d’une sortie en salle. Cette pratique a beaucoup de travers (notamment pour l’intimité des acteurs). Elle a aussi un impact économique pour ceux qui misent sur le film (salaires conséquents, campagne promotionnelle).
Et vous ? Qui irez-vous voir au Fespaco ? Khadim Sène, jeune prodige sénégalais qui crève l’écran dans Bois d’ébène de Moussa Touré (Sénégal) ? Ibrahim Koma qui campe le premier rôle dans Wulu de Daouda Coulibaly ? La belle Magaajyia Silberfeld énamourée dans Zin’naariyâ! de Rahmatou Keïta (Niger) ou la puissante Véronique Beya Mputu, femme de poigne au physique magnifié dans Félicité d’Alain Gomis ?
A vous de voir. Mais n’oubliez pas, en sortant, de retenir leur nom. Et, s’ils vous ont plu, de retourner au cinéma la prochaine fois qu’ils joueront. Car sans acteurs, pas de films. Et sans films… pas de Fespaco !
Claire DIAO
ASCRIC-B
Cet article est une critique de l’ASCRIC-B
« L’orage africain : un continent sous influence ». C’est le titre du long métrage que le béninois Sylvestre Amoussou, par ailleurs réalisateur de « Africa Paradis » a choisi de présenter à la 25ème édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), qui s’est tenu au Burkina Faso du 25 février au 4 mars 2017. Après avoir obtenu le prix spécial de l’Assemblée nationale du Burkina Faso, la fiction « L’orage africain : un continent sous influence » est montée sur la deuxième marche du palmarès officiel du FESPACO 2017 en obtenant l’étalon d’Argent de Yennenga.
Le film « L’orage africain : un continent sous influence » est sans conteste une œuvre cinématographique de la lignée des fictions africaines saisissantes et osées. Elle tire sa pertinence de la critique, sans langue de bois, des relations entre l’Afrique et l’Occident. D’un côté l’Afrique aux richesses immenses et de l’autre, l’Occident aux appétits voraces. Résultats, une Afrique honteusement exploitée, très souvent avec la complicité de certains de ses fils, et un Occident aux lobbys impunément exploiteurs. C’est la loi de la jungle où la « petite Afrique » est malmenée par le « géant Occident ». Les immenses ressources de la « petite » sont exploitées par le « géant », sans la moindre compensation. La « petite » maigrit, le « géant » s’engraisse.
Trop c’est trop ! C’est alors que le Président de la République de Tangara, un pays africain, décide, avec le soutien de son peuple, de nationaliser toutes les sociétés et entreprises occidentales installées sur le territoire de cette république. Puits de pétrole, mines d’or, de diamants etc., sont sous le coup de la nationalisation !
Il n’en fallait pas plus pour que naissent et émergent entre le Tangara et les puissances occidentales des incompréhensions, des exigences, des revendications, des interpellations, des manœuvres de mauvais goût, des mouvements et manifestations, des troubles, des crimes, des assassinats…
Pour les Occidentaux, qui n’apprécient pas du tout la décision de Monsieur le Président, « c’est nous qui avons foré ces puits, c’est nous qui avons creusé ces mines ». Donc pas question de nationaliser leurs moyens de production installés au Tangara. En réaction, les Africains répondent en chœur « exact, mais c’est notre sous-sol ».
Au centre des manigances et du combat féroce engagés entre le Tangara, symbole de l’Afrique combattante, et l’Occident, trois acteurs de renom : Sylvestre Amoussou ou Monsieur le Président, Sandrine Bulteau ou la dame de Choc, et Eriq Ebouaney ou Monsieur le Premier ministre. Au cœur de leurs actions respectives : la détermination, des valises de billets de banque, la traitrise. Détermination du Président à ne pas revenir sur sa décision, l’argent de l’Occident pour corrompre et recruter des mercenaires-tueurs, et la traitrise du Premier ministre aux ambitions présidentielles.
Bref, avec des images fortes et fascinantes, le film « L’orage africain : un continent sous influence » nous entraine dans l’univers d’émotions et d’ébullitions des sensations et des fantasmes, des antagonismes et des confrontations, des rêves et des pulsions, voire des révoltes et des quêtes d’une Afrique au passé révolu et à la recherche d’un avenir plus porteur d’espoirs, d’espérances et de changements. C’est un haro sur l’ordre relationnel ancien entre l’Afrique et l’Occident, un ordre sans doute en sursis, en attendant que s’écoule le temps, le temps que « les mentalités changent, que les Africains prennent leur destin en mains, n’acceptant plus d’être des assistés ; et surtout qu’ils aillent peu à peu vers la démocratie ».Sita TARBAGDO
(ASCRIC-B)
Cet article est une critique de l’ASCRIC-B
Désiré Zida, cadreur et réalisateur à la Télévision du Burkina, décédé ce 5 mars sera inhumé le mardi 7 mars 2017 au cimetière de Gounghin à Ouagadougou.
Le programme des obsèques prévoit :
Lundi 6 mars à 21H : veillée au domicile du défunt à Tampouy ;
Mardi 7 mars à 9H : absoute à la paroisse Jean-Marie de Tampouy suivie de l’enterrement au cimetière de Gounghin.
Décédé ce dimanche 5 mars 2017 des suites de maladie, à l’âge de 56 ans, Désiré était aussi formateur dans des écoles et instituts du Burkina. Il est l’un des réalisateurs de la série « Affaires publiques ». Désiré s’en est allé ce dimanche après 30 ans de services à la Radiodiffusion Télévision du Burkina. Il est marié et père de 4 enfants. Repose en paix, Désiré !
L’Association Avancer avec Elle (2AE) a tenu ce vendredi 3 mars 2017 au stade municipal de Ouagadougou un point de presse pour annoncer la tenue de la 2e édition de la Ouagalaise, une course à pieds de 8 km pour les dames, qui aura lieu le 8 mars 2017. Pour cette édition c’est le thème « Lutter contre les grossesses précoces » qui a été retenu.L’association Avancer avec Elle (2AE) organise une course dénommée la Ouagalaise ce 8 mars 2017. Une compétition de femmes à travers une course de 8 km dans la ville de Ouagadougou dont la lauréate recevra une moto, une médaille d’or, un bouquet de fleurs et des gadgets. La 2e repartira avec un vélo, la médaille d’argent, des gadgets et un bouquet de fleurs. Pour la 3e place, la lauréate recevra un vélo, la médaille de bronze, des gadgets et un bouquet de fleurs.
Outre cette compétition de course de fond, une marche de 4 km sans récompense aura également lieu à l’intention de toute personne désireuse. Une séance aérobic mettra fin à cette cérémonie le jour de la Journée internationale de la Femme, a laissé entendre Salimata Doussa, la présidente de 2AE.
Salimata Doussa présidente de 2AE
Cette année, c’est sous le thème « Lutter contre les grossesses précoces » que la manifestation se déroulera. A travers cette initiative, l’association espère sensibiliser davantage les filles sur le phénomène des grossesses précoces.
Pour ce faire, une conférence publique est prévue le mardi 7 mars 2017 au Lycée municipal Bambata de Ouagadougou sur le thème : « Education sexuelle en milieu scolaire ». Elle a pour public cible les élèves de la capitale et sera menée en collaboration avec des techniciens de Marie Stopes Burkina dont la directrice des programmes est la marraine de l’évènement.
Les inscriptions peuvent se faire à partir du 4 mars 2017 au stade municipal de Ouagadougou, à RTB/télé ou en envoyant votre nom et prénom à l’adresse avanceravecelles@gmail.com ou au 71 51 46 84 / 77 94 14 40 / 70 43 15 50 / 68 69 68 00 et ce jusqu’au 7 mars à 18h.
Pour un budget prévisionnel de 7 millions de FCFA, près de 3 millions sont mobilisés selon les conférenciers qui disent attendre toujours la réaction de leurs partenaires.
Y. Alain Didier COMPAORE
Une fille agonisante ; malaise des pêcheurs ; des poissons sans vie sur la berge. Voici le décor d’ensemble qui annonce le sujet de « La Forêt du Niolo ». Le premier long métrage d’Adama Roamba sélectionné pour le grand prix de la 25ième édition du FESPACO 2017. Une fiction construite sur des points de contradiction dont le scenario est récompensé à cette biennale du cinéma africain.
Kari, petit village dans la région de Niolo fait l’objet d’une convoitise. Pour cause son sous sol regorge du gaz et du pétrole mais aussi de l’eau. L’exploitation des ressources des gisements empoissonne l’environnement. Situation qui, naturellement oriente le film sur des points de contradiction.
Champ d’opposition
L’espace du récit du film de Roamba se construit sur de nombreuses oppositions. Des plans de Kari le village et de la ville où se tirent les ficelles et se décident des enjeux économiques avec Kader Traoré. Les jeux d’acteur de celui-ci vont à l’encontre de Aicha, l’environnementaliste de l’Ong « Nature verte ». Celle-ci se fait aider dans son combat par son compagnon Nathanaël le journaliste. L’évolution de ce bras de fer constant entre le camp de Kader et Aicha entretient les rebondissements du scenario de cette fiction. Avec des répliques qui marquent l’état des rapports sur la scène des protagonistes : « De quel côté es-tu ? » : interroge Gerad Essomba dans le rôle de Kader Traoré
Les rôles d’intermédiaires
Du film, on note des passerelles. Celle de la langue qui se fait au moyen du sous titrage lorsque le discours du film n’est pas en français, en malinké mais en chinois. La médiation également entre les faits du film et la réalité se combine pour produire un effet de vraisemblance. Une scène témoin : l’intérieur du film révèle le récit dans un journal télévisé des conséquences des événements du lac de Niolo et celui de la bataille d’Alep en Syrie. L’info de fiction devient voisine des faits filmiques. L’ingéniosité de la prise de vue emballe le spectateur entre deux medias que sont le cinéma et la télévision à travers la technique de la mise en abyme. Deux formes de communication s’entremêlent ici.
Panorama
La forêt de Niolo donne à voir des images soignées. Des panoramiques qui reflètent le paysage du bois du lac de Kari. Les travellings qui suivent les personnages renforcent de temps à autre la clarté des séquences dans la forêt. Des vues aériennes font par ailleurs le lien entre des scènes de Kari et la capitale où la scène finale laisse entendre un chant dont la thématique ne parle que de la désolation causée par la cupidité à tout prix. Le tout pour un sujet réfléchi sur le refus de la chute du Niolo.
Hector Victor KABRE
ASCRIC-B
Cet article est une critique de l’ASCRIC-B